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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 21:55

Le décrochage scolaire pourrait être décrit comme un processus graduel de désengagement, d’isolement, marqué par des retards, des absences, un échec en classe et/ ou des exclusions. Le décrochage scolaire peut avoir pour conséquence un processus croissant de marginalisation du jeune le conduisant au chômage, la pauvreté voire la criminalité ou la violence. Parfois le décrochage peut être aussi vu comme un moyen pour certain de se distancier du milieu scolaire vécu comme douloureux pour recouvrer une identité socialement positive passant par l’accès à un nouveau statut vécu comme plus valorisé (statut de parent, de personne mariée, de travailleur, de bénévole ou de voyageur…).

Pour comprendre le décrochage scolaire, des études portent sur comment des jeunes pouvaient être très engagés dans ce qu’ils faisaient ou au contraire se désengager totalement de l’école.  

Une haute implication en classe est caractérisée par une attention concentrée, de l’intérêt et de la joie qui sont à l’opposé de l’apathie et du désintérêt des jeunes qui finissent par décrocher. Plus un jeune est engagé dans ce qu’il fait plus il va vivre des émotions positives, plus il devient motivé à long terme et cela augmente ses performances scolaires.

Selon ces recherches l’engagement des jeunes en classe est lié principalement à deux éléments :      -le sentiment de contrôle que peut avoir le jeune dans son travail et

          -le type de pédagogie

 

1.     Augmenter le sentiment de contrôle

Penser que l’on a du contrôle sur ce que l’on fait est à la base de toute entreprise et de tout engagement à long terme. Le contrôle et la maitrise de ce que l’on fait dépend en grande partie de notre confiance et de notre sentiment d’efficacité à faire les choses. C’est lié aussi aux émotions ressenties lors de l’activité scolaire, à l’évaluation de nos compétences et le regard que nos référents portent sur nous. Est-ce qu’on me fait confiance, me laisse t-on de l’autonomie ? Suis-je capable de réaliser le travail ? Est-ce que ce que je fais a du sens ?…

Plusieurs choses peuvent favoriser ou non la perception du contrôle comme :

 

Le Contrôle et maîtrise personnelle :

On peut tout d’abord aider l’élève à prendre conscience de ses points forts et capacités, simplement en faisant un bilan de ce qu’il a déjà réalisé avant et en l’aidant à verbaliser ce qu’il fait, ses qualités, valeurs, préférences. Ici l’attitude de l’apprenant est déterminante, il doit se sentir capable d’aider le jeune à se réaliser. Parfois les éducateurs ou apprenants ont perdu leur propre sentiment d’efficacité envers les élèves en difficulté. Retrouver une attitude de confiance en ses capacités d’enseigner est un préalable car cela influence totalement la capacité d’évolution de l’apprenant.

 

Le Contrôle  de l’activité scolaire par le feed-back:

 Il est important de rendre l’élève acteur de son apprentissage par exemple en lui apprenant à repérer ses erreurs et à s’évaluer lui-même. Pour cela il est possible de donner un feed-back régulier et immédiat pendant l’apprentissage afin que le jeune apprenne ce qu’on attend de lui. Ensuite lorsqu’il aura intégrer les éléments de maitrise d’une action à réaliser il pourra se corriger lui-même et réajuster ses erreurs rapidement.

Il est important ici de faire attention aux évaluations qui mettent en compétition les jeunes entre eux, c’est défavorable à l’engagement pour ceux qui sont en difficulté. L’évaluation ou le feed-back doit permettre au jeune de mieux contrôler l’action et ne doit pas être un élément de jugement personnel ou pire un facteur de rabaissement par rapport aux autres, ce qui est un obstacle insurmontable à l’estime de soi et augmente le désengagement scolaire.


2. Pédagogie engageante

 

Souvent le jeune peut ressentir  un manque de challenge ou de sens à faire le travail scolaire. Un autre critère d’engagement c’est de pouvoir donner des challenges qui intéressent les jeunes. C'est-à-dire lorsque les tâches proposées permettent de résoudre des problèmes de la vie réelle dépassant le cadre purement scolaire.

 

Par ailleurs, un autre facteur de démotivation est lorsque le challenge dépasse ou sous-utilise leurs capacités car cela crée de l’anxiété ou de l’apathie. Les tâches ne doivent pas être trop faciles ou difficiles mais juste au dessus des habiletés qu’ils maîtrisent déjà bien et aussi en lien avec leurs buts et intérêts personnels.

 

Aussi, on sait que les activités en petits groupes ou le travail à faire individuellement engagent plus que les activités menées en grand groupe. C’est encore mieux si les projets en petits groupes se font sur des bases de coopération, laissant de l’autonomie tout en donnant du feed-back régulièrement jusqu’à ce que les bases de l’action à accomplir soient intégrées.

 

Un dernier facteur qui engage les étudiants c’est le fait de vivre des émotions positives  comme la joie, la fierté, le sentiment d’être accepté avec ses difficultés et différences par les autres à l’école. Et pas seulement en sport, dessin ou musique mais surtout pendant les disciplines importantes. La qualité du climat entre les personnes qui travaillent ensemble est importante, mais les émotions positives peuvent naître aussi du fait de travailler en petits groupes sur des projets coopératif en lien avec des problèmes concrets de la vie sociale pouvant être menés de manière autonome et dans le respect des valeurs et la complémentarité de chacun.

 

Pour résumer : le décrochage est une tentative de trouver sa place ailleurs, lorsque l’on ne se sent pas capable de réussir dans le milieu scolaire à cause d’un faible sentiment d’efficacité ou bien parce que l’on ne s’autorise pas à réussir du fait de son milieu social d’appartenance.

 

Aujourd’hui de nombreuses recherches mettent en évidence que se désengager des études est une stratégie de défense de l’estime de soi afin de s’exclure sans souffrir de cet échec puisque la personne a l’impression que c’est son choix.

Pour aider un décrocheur on peut protéger son estime afin qu’il n’est pas recours à une stratégie d’abandon commanditée. On peut favoriser cela en créant une relation de confiance à l’école qui passe par une coopération et une intégration des décrocheurs potentiels au sein de petits groupes d’élèves, qui travaillent à des défis stimulants leurs habiletés et intérêts et tout en leur apprenant à contrôler directement et maîtriser ce qu’ils font (feed-back régulier).


Quelques indicateurs pour repérer les élèves à risque de décrochage scolaire :

 

Indicateurs SCOLAIRES fréquents :

 

-échec ou faible rendement scolaire

-retards fréquents

-manque de motivation

-absentéisme

-faible implication dans les activités parascolaires

 

Indicateurs PERSONNELS fréquents :

 

-problèmes d’indisciplines

-conflits avec les pairs et/ou les adultes de l’établissement

-conduite antisociale ou délinquante

-grossesses précoces

-manque de confiance en soi

-image de soi négative

 

Indicateurs ENVIRONNEMENTAUX fréquents :

-pairs déviants

-famille désunie, nombreuse ou défavorisée économiquement

-faibles attentes sur le plan scolaire des parents

-manque d’encadrement des parents

 

Références bibliographiques

 

Bandura, A. (2003). Auto- efficacité. Le sentiment d’efficacité personnelle. Ed. de boek

Bantuelle, M., Demeulemeester, R. (2008). Comportement à risques et santé : Agir en milieu scolaire.

   Programmes et stratégies efficaces. Ed. INPES

Bérubé, A., Poulin, F., Fortin, D. (2007). La relation famille-école selon la perspective des parents et

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Boisvert, J.M. & et Beaudry, M. (1979). S'affirmer et communiquer. Montréal : Éditions de l'Homme.

Csikszentmihalyi  M. (2004). Vivre - La psychologie du bonheur. Robert Laffont

Claes, M. (2003). L’univers social des adolescents. Montréal : Presses de l’Université de Montréal.

Croizet, J.-C., Leyens, J.-P. (2003). Mauvaises réputations : Réalités et enjeux de la stigmatisation           

   sociale. Armand Colin.

Duclos G. (2002). L’estime de soi des adolescents. Montréal : Editions de l’Hôpital Sainte-Justine.

Gardner, H (1996). Les intelligences multiples. Pour changer l’école : la prise en compte des

    différentes formes d’intelligence. Ed. Retz

Le Blanc, M. (1991). Les services externes et la réadaptation des jeunes en difficulté. Revue

    canadienne de psycho-éducation, 19,1 :43-62.

Martinot, D. (1998). Stratégies de protection de l’estime de soi et leurs coûts. Cognition, Brain, Behavior, vol. 2, 269-289.

Martinot, D, Toczek, M.-C. (2004). Le défi éducatif: Des situations pour réussir. Paris: Armand colin.

Morchain, P., Schadron G. (2001). Devenir ce que je crois que vous croyez de moi. Les Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale -N°50.

Shernoff, D.J.; Csikszentmihaly, M.; Schneider, B.; Steel, E. (2003). Student engagement in

    high school classrooms from the perspective of flow theory. School psychology quarterly,

    Vol.18, N°2, p.158-176.

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